Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Sur le pont Alexandre III, en plein Paris, en plein mois de décembre, un vagabond dorlote et recouvre son chien transi de froid d’une épaisse couverture bleutée. Le clochard n’a que cette bête pour lui réchauffer le cœur et son corps glacé par le vent d’hiver. Il n’a que ce chien pour se consoler de l’hiver et de la faim qui le tenaille.
L’homme et la bête restent postés sur le pont, figés comme des statues qui ornent l’édifice. Ils contemplent la magnificence de l’ouvrage, celle de la Seine aussi, parée de ses couleurs crépusculaires.
Le soleil rose descend sur les berges, rase l’eau devenue grise, presque violette à l’approche de la nuit, inonde le pont de fines ridules de soie, d’éclats de lumière qui se meurent comme des tranches de citron confit et se décomposent dans le couchant.
Et l’homme et le chien se font face et se regardent complices. Ils ont froid, ils ont faim mais ne sont pas seuls. La Seine rose les nourrit, nourrit leur même regard dans la misère de ce soir glacial de décembre.
Sous le pont Alexandre III, la Seine scelle à jamais leur folle et tendre complicité d’éternels errants, leurs rires d’éternels enfants.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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