Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Dans la solitude nue de la pierre blanche, je crois voir les rainures du soleil se dissoudre et la valse des ailes de l’oiseau lyre comme des ombres chinoises dans le versant du ciel. J’essaie de grimper sur le mur de chaux vive où les fragments de pierre esquissaient jadis les remparts de la vieille ville : vaste et crayeuse citadelle.
On dirait que la rivière bleue la borde comme une paroi pavée des anfractuosités de l’aube, et ses solaires sculptures. À nos pieds le sentier qui longe le frêle ruisseau s’égrène de galets bleutés, de braises incandescentes comme des escarbilles dans l’âtre de l’été.
Et sur les monticules de terre glaise, j’arrache en passant deux ou trois brins de lavande violette. Je cueille, en solitaire dans cette garrigue improvisée et matinale des fleurs de persil et des bouquets de framboises, un peu de thym gris et des guirlandes de roses sauvages.
Avant la montée du soleil au zénith, je racle les champs d’or de ma faux silencieuse et j’en récolte des meules de blé dans la levée du jour blond. Je bois à la source d’eau fraîche un verre de menthe qui a le goût de l’hibiscus.
Le soleil rouge se reflète sur la paroi du cristal et ce nectar bu a l’arôme d’un thé parfumé de citron solaire. Bientôt à l’aurore semée de la flambée des arbres et des collines proches, je croquerai le collier d’amandes vertes accroché à mon cou fragile. Le parfum doucereux qui s’échappera des bogues vertes m’enivrera du silence de l’été et du froissement d’ailes des ficus.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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