Chroniques poétiques

Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez

Il est un lieu magique au Japon : un parc qui abrite des daims magnifiques gambadant à l’air libre dans l’onde verdoyante des arbres et de leur spectre solaire : C’est le parc de Nara. Les corbeaux noirs et les roses du Japon ponctuent ces grands espaces et ces sentiers de rocaille de petits points noirs et pourpres comme une tapisserie médiévale.

J’erre dans ce lieu de silence et de rêverie, où les daims accourent à ma rencontre comme autant de messagers divins. Nous sommes en été 1997 et les soleils sentencieux trouent le ciel bleu lavande. Sur les ramures de certains de ces animaux majestueux, des papillons roses ou mauves volètent et parfois sont accrochés des bouts de papier grège. Y sont inscrits des mots secrets comme ceux que nous trouvons dans les bouteilles de verre jetées à la mer, dérisoires navires de fortune qui flottent au gré des hasards de rencontres avec les promeneurs ou des récifs des arbres.

La brise fait tournoyer ces morceaux de neige en papier dans un vertige de vent et de soleil. L’odeur de l’humus et du parfum des roses flotte dans l’air chaud de l’été. Un chant d’oiseau siffle à mes oreilles et cette mélodie du printemps m’enivre de la douceur des roses et de la clarté de l’orient.

Plus tard, une fois le soir bleu tombé, je m’allonge sur l’herbe fraîchement coupée. La pâte soyeuse d’une biche vient me caresser, m’invitant au sommeil et à la contemplation. Et dans la plénitude de cette attente vespérale, je regarde la voûte du ciel percée des étoiles de la nuit montante qui clôt ce jour d’ardente félicité.

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