Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Dans la clairière enflammée d’arbres luminaires, je ramasse quelques feuilles d’érable comme des étoiles démultipliées sur le sol jonché de feuilles sciées à la serpe de l’automne roide. Les torches pourpres des prunus découpées au cordeau illuminent un ciel de lait. Parfois pointe une fine auréole de soie solaire, une aile d’oiseau blessé au creux de mon épaule, une orbe de lumière que viennent caresser les nuées mortes du ciel.
Un peu plus loin, à l’orée du bois, j’ai trouvé une fontaine de jouvence qui s’est tarie depuis ce jour de novembre où l’eau des gargouilles s’est gelée dans un froid presque hivernal. Une rose obstrue l’ouverture du puits. Sur sa margelle parfumée, croasse un corbeau qui couvre le silence de la rivière.
Et je vois à l’embouchure du fleuve, l’errance des feuilles d’or se coaguler dans la torpeur de l’eau blême. Plus tard, l’opale lunaire s’allume sur la béance du ciel tandis que le couchant rougeoie derrière le feuillage des arbres devenu sombre.
La lune enveloppe et recouvre de nacre les candélabres des frênes. Elle n’est bientôt plus qu’un photophore évanescent sur la toile de la nuit bleue qui ruisselle de larmes, d’étoiles trouées d’or et tatouées des flammes de l’automne. Je nage alors dans cette nuit d’eau qui m’engloutit dans ses profonds songes noirs où mon sommeil est de plomb.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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