Chroniques poétiques

Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez

C’était sur une place d’une petite ville du nord de l’Italie. Une fontaine luisait sous le soleil orange matinal. L’eau drue recouverte d’ocelles prenait les teintes empourprées de l’été. L’oiseau noir se posait sur la gargouille de pierre, imitant en plein jour le chant de l’engoulevent puis à la nuit tombée, le cri perçant des noctules dans l’air bleu.

Je passais par là comme un vagabond de la première heure, assoiffée d’eau fraîche et de solitude. Je regardais perler les restes de rosée dans l’eau de safre que je buvais, intacte et claire comme un élixir de jouvence. Je continuais à me désaltérer, élevant et baignant mes mains nues quadrillées de soleil dans cette eau qui crépitait sous la lumière de soie rose.

Teinté du vernis de l’aube, le ciel semé d’oiseaux prenait la couleur de l’aurore, rouge et déhiscente comme une fleur éclose à l’approche de l’abeille butineuse. J’interrogeais les cyprès alentour sur la signification de cet oracle. Sans réponse de leur part, si ce n’est le souffle d’une légère brise perçant l’azur, je repris ma route, emplie de la béatitude de ce jour de juin. L’eau de la fontaine qui formait comme des vitraux de soleil sur la pierre nue m’irradiait alors d’une nouvelle jeunesse et d’une ivresse qui m’invitait doucement au rêve.

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