Les notes d’Alix Lerman Enriquez
J’ai toujours été intriguée par les œuvres magnifiques d’Edward Hopper. Cet artiste peintre m’émeut au plus haut point. Ses peintures naturalistes recèlent une intensité dans l’expression et le regard des personnages assez déconcertante.
Je suis plus particulièrement interpellée par l’étrangeté qui découle de ses œuvres et qui ne saurait me faire oublier la banalité d’un quotidien qu’il essaie de retranscrire. Mais dans ces scènes apparemment anodines, surgit l’équivoque et l’insolite exhumés de la pénombre. Et lorsque nous regardons bien ses compositions, nous sommes également frappés par le silence qui se dégage des scènes reproduites : « silence et étrangeté » pourraient ainsi être les maîtres mots de sa peinture.
Mais c’est avant tout aux sublimes couleurs que je songe lorsque je me remémore ses tableaux les teintes rouge vif dans un décor bleu gris qui brise l’austérité du lieu et donne une touche de folie à l’ensemble de la composition. À l’image d’un détail fantastique qui ne peut passer inaperçu et interroge le regard du spectateur.
Saluons donc les qualités picturales de ces tableaux qui exploitent une large palette de couleurs allant du bleu gris aux tons pastels les plus variés (jaunes, rose ou vert amande) avant d’atteindre des couleurs plus violentes comme le rouge Soutine, teinte provocatrice qui gicle au devant de certaines scènes les plus réussies.
Nous pensons ici à la scène célèbre de « Noctambules » : magnifique tableau de teinte sombre où émerge du café baigné dans la pénombre, la lumière jaune brillante d’un pan de mur et la tâche rouge lumineuse du vêtement de la femme postée au comptoir avec un homme en chapeau gris. Le contraste des couleurs, entre ombre et lumière, est particulièrement saisissant.
La peinture de Hopper invite donc à la méditation. Elle crie dans le silence l’insolite et l’absurde de nos vies. La beauté inhérente aux tableaux de Hopper rend plus poignante encore cette recherche effrénée de sens et la conscience du caractère illusoire de cette quête.
Tout se passe comme si la magnificence et la délicatesse des couleurs, cette chromatique insaisissable et poétique disait à elle seule l’absurde et l’étrangeté d’un univers dans lequel nous flottons comme perdus et désabusés.
C’est à une bien belle leçon d’humilité et de mystère que nous convie Edward Hopper !
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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