Chroniques poétiques

à lire sur le site
Alix Lerman Enriquez

Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez

Au Parc de Pourtalès

Dans ce parc, où pointent les fols joyaux de septembre, où les arbres orangés s’étalement comme des lustres d’automne, je contemple le somptueux château de neige blanche qui me fait face, m’irradie de tous les feux d’une fin d’après-midi ensoleillée.

Je me regorge de ses éclats de nacre, de sa blancheur aveuglante comme des tessons de verre translucide, comme des débris d’opale que, dans mon rêve, je thésaurise dans mes poches déjà boursoufflées de châtaignes.

C’est l’automne et son cortège de dorures et de rougeoyances, déjà perceptibles en cette fin de septembre. J’aime à me rouler dans cette évanescence de teintes chaudes presque délayées. Elles me rappellent la couleur du soleil, d’un soleil tamisé qui se tient auprès de moi, me console de la nostalgie de l’été.

Par endroits, le soleil frappe plus durement, presque violent, sur les frondaisons cuivrées des tilleuls. La lumière se décompose alors en sciures d’automne, en lamelles de bois blond qui tombent sur le sol, amortie sous le cri des oiseaux, sous le froissement des feuilles mortes qui forment un tapis de pièces d’or qui miroite.

Sol-miroir comme l’étang d’eau verte qui longe le chemin de promenade. Sur ce sentier d’eau entrecoupé d’arbres, de brindilles d’herbes et de poèmes lâchés au vent par quelques gamins en liesse, quelques abeilles en débandade, je recueille quelques morceaux de champignons, quelques fragments d’humus. Je respire déjà l’odeur du soir qui vient à pas de loup et en silence.

Plus loin au pied des grands arbres déployés dans le ciel solitaire, j’aperçois ces grandes oreilles de bronze, œuvre de Claudio Parmiggiani. Elles semblent m’entendre, ces grandes oreilles sculptées du Parc de Pourtalès, à moins qu’elles n’écoutent, à elles seules, toute la rumeur du monde et l’écho amorti de l’automne.

Lire les autres chroniques

>Goethe au jardin de l’UniversitéFleurs d’hiver>

Retour au sommaire

Contacter Alix Lerman Enriquez :

> haut de page