Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Au parc de la République, je contemple l’auguste ginkgo vénérable et superbe qui me toise et me nargue du haut de toute sa hauteur. J’ai ramassé quelques-unes de ses feuilles en forme d’éventail : triangles de soie d’or que je mets dans ma poche déjà pleine de marrons, de châtaignes, de fols et rougeoyants physalis.
Ah, fruits d’automne quand je vous tiens ! Comme des trésors parfumés d’humus et de rose noire, je vous recueille, vous enferme dans votre écrin de broussaille et dans mon coffre de bois brut. Je thésaurise et vous garde intacts pendant l’hiver jusqu’à l’automne suivant.
Souvenirs brumeux de l’octobre passé, vestiges des pluies de novembre, de la lente chute des feuilles, de leur moire, de leur luminosité diaphane qui s’enflamme et s’éteint comme les brandons dans l’âtre.
Vestiges de beautés éphémères, fugaces fulgurances que je tente d’éterniser, d’immortaliser au creux de mes mains semblables à l’écorce des grands arbres d’automne qui chantent le requiem de leurs longues nuits d’été, entonnent le chant de mort lente de leurs fragiles feuilles et leur préparent un linceul digne du faste de leurs étoiles d’or qu’elles rejoignent au ciel, en silence.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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