Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Je respirais le parfum de la neige fraîchement tombée à travers les rues humides, les maisons aux toits givrés et les cris des corbeaux freux. Les allées du parc des Contades avaient un air de désolation et de solitude. J’aimais pourtant cette odeur de terre froide, ce parfum d’humus et d’hiver, de neige fondue qui grésillait encore sous mes pas.
Des restes de neige cristallisée saupoudraient le faîte des arbres toujours nus. Candélabres d’ébène, ils imploraient qu’on les pare à nouveau de leurs feuilles d’or. Des oiseaux bleus et noirs quadrillaient le ciel gris presque rosacé : toile de jute trempée dans l’acier et la cendre, tôle ondulée que le froid cisaillait de silence.
Au loin, en direction de la cathédrale, l’aube rose se rayait de trouées de lumières comme des zébrures sur un pelage de tigre, comme des ocelles d’or sur une robe de paon. Et je continuais ma route, voyageuse infatigable, vagabonde hiératique, spectre d’hiver qui pourfendait le froid et puis sa bise.
Dans mes habits que la brume et la nacre matinale émaillaient de vif-argent, j’arpentais ainsi le gravier et le bitume, poursuivant la fulgurance du ciel, sa grâce indélébile et sa traîne de corneilles noires, braisées au fer rouge du soleil levant.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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