Chroniques poétiques

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Alix Lerman Enriquez

Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez

La grande roue du Prado

Derrière moi, j’entends le cri des enfants qui s’égaillent sur la plage, le souffle puissant du mistral qui me pousse toujours plus loin : vers la Pointe rouge, aux confins de la corniche marseillaise.

Je ne me lasse pas de cette vue sur la mer qui ondoie sous les flots du soleil qui s’empourpre. J’entends le fifre des cigales en même temps que celui des mouettes qui percent haut le ciel de faïence bleue.

J’entends également les vagues se fracasser sur la pierre et la lune blonde qui apparaît en filigrane comme tatouée sur le ciel devenu presque rouge.

Je longe la plage de l’Huveaune, puis celle de Borely, encore noyée dans la brume rose du jour. Et je vois se dresser, comme une immense clepsydre d’eau et de bois, la grande roue du Prado qui tourne sur elle-même. Quelques passagers affolés semblent s’y accrocher comme emportés par la terrible marche du temps… vers l’inéluctable ? Pour ma part, je préfère rester rivée au sol — poltronne terrienne que je suis ! — plutôt que de m’élancer haut dans le ciel.

Et je continue ma course. Je parcours l’horizon déjà en feux tandis que la grande roue s’illumine. Lorsqu’elle est en mouvement, la grande roue du Prado semble épouser le cours du temps. Lorsqu’elle s’immobilise tard dans la nuit bleu marine ou, au contraire, très tôt à l’aube, puis à l’aurore rose, comme figée, telle un étendard dans le ciel, telle la mer d’huile qui semble la border et qu’elle fixe la flamme du ciel, elle semble alors immuable et simuler l’éternité.

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