Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Au parc des Contades, il fait un petit vent frais agréable. Une légère brise de décembre qui nous berce. Un corbeau — noir, comme il se doit — s’avance précautionneusement vers moi. Il picore des débris de feuilles mortes, des brindilles tombées de l’arbre à côté. Son long bec recourbé fourrage dans l’herbe encore verte.
Le ciel bleu, au-dessus de lui, dit l’infini de ce jour tendre. À ma droite, entre les branches des grands arbres nus — des noyers d’Amérique peut-être ? — le soleil d’or voilé lustre l’azur semé de capitons, de nuages en forme d’oiseaux. Les arbres sont immenses comme des échelles de bois qui nous mèneraient au ciel. Leurs branches noueuses et galbées s’inscrivent, en filigrane, sur ce parchemin de nuées.
Je voudrais que ma vie soit composée comme un poème, un poème plutôt gai qui m’enivre, me transporte dans les airs. Je rêve ainsi que je suis dans ce ciel de nacre. Je rêve que je vole, que je vogue loin, très loin, dans l’horizon rose et nimbé, assoiffée de lumière, de liberté aussi.
Comme un immense oiseau qui déploierait ses ailes, mon regard embrasse le parc que je surplombe et au-dessus duquel je plane, victorieuse. Un arbre aux feuilles d’or me recueille. Sa chevelure rousse m’éblouit et, juchée sur ses lumineuses frondaisons, je contemple le monde qui me semble si lointain, si minuscule, comme une armée de fourmis dont je suis exclue.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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