Chroniques poétiques

à lire sur le site
Alix Lerman Enriquez

Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez

Le jardin du Pharo

Je suis à Marseille au jardin du Pharo. Assise sur un des rochers, promontoire de lumière qui surplombe la mer, je regarde la face cramoisie du pavillon napoléonien. Palais encore rose d’aurore où l’impératrice Eugénie ne dormit qu’une nuit, dit la légende. Tout ce luxe pour si peu ou plutôt pour tous ces promeneurs qui plus tard, comme moi, parcourront les allées qui l’entourent, avides de lumière et d’éternité.

En face, la mer d’huile à perte de vue, les voiles sur l’eau bleue, l’ondoiement de la lumière blonde sur les flots. Et les mouettes, toujours les mouettes, qui découpent à la serpe le ciel en couloirs d’azur hachurés, en barques de bois ébahies.

Les statues blanches de héros endormis boivent la lumière comme des urnes de cendres d’or et de silence. Elles recueillent la poudre d’azur, de guêpes et d’abeilles, de pollen et de fleurs butinées, parfois des débris de coquillages aussi. Elles pleurent en silence leurs défunts tandis qu’un soleil dru les console comme une mère son enfant.

Le soleil calcine les sculptures monumentales de Bernar Venet, grands arcs d’acier où les colombes se nichent et les pigeons vif-argent. Mes yeux éblouis regardent le fort Saint-Jean, comme un phare en suspens, un sémaphore en feu qui clignote dans la braise du levant.

Le jardin du Pharo regorge du cri des bambins qui jouent, de leur joie à peine contenue. Et cette mélodie monte de la terre au ciel, de la mer au firmament comme sur la marelle de craie où je jouais étant enfant.

Plus loin, le musée des civilisations comme un bloc de fer ouvragé émergé de l’eau. Plus loin encore les quais de la Joliette désertés, que je parcours en imagination, ivre de mer, ivre de liberté. Plus loin encore, l’horizon qui ne se laisse pas conter.

Lire les autres chroniques

>Train fantômeUn parfum d’inachevé>

Retour au sommaire

Contacter Alix Lerman Enriquez :

> haut de page