Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Dans le train qui nous mène à Marseille, j’aperçois, à travers la vitre, des paysages sombres qui percutent le ciel et la prunelle de mes yeux encore enténébrés de nuit. À travers la fenêtre, je regarde passer les maisons, les gares qui défilent, les arbres encore nus qui s’impriment en filigrane dans un ciel de suie. De petits monts vallonnés et boisés émergent de la grisaille. Ce sont des massifs vosgiens sous les flancs nébuleux de ce matin de brume.
Quelques silhouettes de châteaux hantés en ruine, de roches éventrées sillonnent ce décor sombre de cire et de cendres, ce décor de plomb qui m’écœure. Je voudrais percer ce ciel de fer blanc, faire que le soleil creuse et troue cette morne journée d’avril, ce décor de carton-pâte en noir et blanc.
J’ai l’impression étrange de circuler en train fantôme sans autre issue que la spirale de corbeaux freux qui crient et croassent dans la fumée âcre et opaque. Comme ces volutes de vapeur grise que dégage chaque arbre orphelin d’aube, chaque nuage, opale zébrée de noir, qu’a manqué de recueillir l’aurore encore pourpre au point du jour.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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