Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Au jardin botanique, les arbres semblaient gorgés de lumière. C’était si agréable de pouvoir se poser dans ce havre de paix et d’éternité. Les chardons bleus vrillaient dans l’air vibratile, plus bleus encore que la mer.
En pensée, en pensée seulement, je m’égratignais les doigts avec leurs piquants effarouchés, comme d’immenses épines de roses d’été découpées à la serpe solaire. Ma main saignait de plus belle. Elle s’effilochait dans le ciel déclinant, dans l’azur délirant de chaleur, pétri d’abeilles fébriles promises au couchant.
De l’autre côté du jardin, près des bassins d’eau verte où coassaient déjà les grenouilles, le soleil caressait les feuilles vertes, les roses, les hibiscus pétulants qui perçaient la voûte presque cendrée du ciel. Avec ces fleurs de soie vive et coloriée, à peine froissée par la brise nouvelle, j’aurais voulu me couvrir et me frotter à leur étoffe fragile. De ces fleurs frêles et odorantes, j’aurais voulu me faire un collier de perles de papier crépon.
Et j’aurais ainsi attendu toute la nuit couverte de ces magnifiques oripeaux, irradiée du dernier soleil d’après-midi, respirant ce délicat, ce succulent parfum d’inachevé.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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