Chroniques poétiques

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Alix Lerman Enriquez

Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez

Le Parc Montsouris

En été ou au printemps, il arrivait souvent que je me promène le long des berges solitaires autour du bassin d’eau bleue. Le soleil se reflétait comme une orange sanguine et ce fruit trop mûr trouait la brillance du ciel en même temps que le lac d’argent bercé par les sillons et les ricochets des cailloux et des cygnes.

Un arbre enchevêtré, noueux et courbé, plus que centenaire, plongeait ses branches tortueuses dans l’eau bleue. Les pigeons formaient un arc de candeur autour des rives du lac et de cet arbre. Ils piaillaient dans la résonance de l’été pourpre.

Plus loin, les marches de pierre ornées d’une rambarde ouvragée, imitant les linéaments et les nervures du bois, nous conviaient à un promontoire ombragé d’arbres et caché du soleil. Car l’aube explosait ailleurs sur l’immensité drue de la verdure, là où les statues imposantes de Rodin et de Bourdelle étalaient leur harmonie de pierre sur l’herbe éraflée de l’azur.

Les samedis et dimanches, le parc s’animait des cris des enfants, des pleurs et des rires incontrôlés du printemps. Les chevaux de bois qui retrouvaient sous le soleil d’avril, leurs couleurs et leur lustre, tournoyaient comme au temps de mon enfance lorsque mon grand-père m’amenait chevaucher ce carrousel.

La buvette, la même que celle que j’avais connue étant petite, regorgeait de trompettes d’enfants, de fragiles moulins à vents, de sucres d’orge qui croulaient sous la chatoyance du soleil. J’aimais ce carnaval de couleurs et d’odeurs sirupeuses. Elles me rappelaient de lointains et chers souvenirs. Parfois même, les dimanches, des airs d’opérette s’échappaient de petits orchestres municipaux installés le temps d’un divertissement sous le grand kiosque à musique style 1900, ouvragé et perlé du soleil d’avant midi.

Mais c’est en semaine, très tôt le matin, que je préférais le parc, lorsque presque désert, je voyais se profiler la boule de soleil sur l’eau bleue caresser le miroir d’argent, comblant ainsi mon rêve d’éternité.

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