Chroniques poétiques

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Alix Lerman Enriquez

Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez

Narbonne au petit matin

C’était par une belle matinée de juin, les hibiscus montaient au ciel. Du pain de l’aube pétri d’écharpées de roses rouges, émanait un parfum de garrigue. La serpe solaire découpait ma tristesse en petits morceaux, les jetant au bord de la mer loin très loin comme des messages écrits dans une bouteille de verre. Je buvais silencieusement ma félicité qui avait un goût de nacre et de rosée. Un bouquet de lavande fleurissait à ma boutonnière tandis que j’arpentais les rues après ma promenade maritime.

Le vent soufflait fort. La tramontane faisait vibrer la frondaison des arbres, le clocher des églises, les ailes fragiles des mouettes en partance. Aux terrasses des café qui s’empourpraient déjà, quelques âmes solitaires buvaient leur petit café noir ou bien leur ballon rouge. Sur le reflet des façades colorées, pointaient à présent les ocelles de l’aurore, tandis qu’au loin se profilait la silhouette imposante de la cathédrale Saint-Just toute ourlée de rose, toute nimbée des premières lueurs matinales.

À mes pieds, serpentait le sentier solaire jonché de cigales et de cailloux qui bordait le canal du midi. Entouré d’un essaim de mouettes, un bateau de pêche y cheminait semé des sciures de soleil et des éclats de rire du vent qui le berçait. Je lui faisais signe, espérant peut-être rejoindre la frêle embarcation pour sillonner l’eau bleue et revoir la mer qui me manquait déjà.

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