Chroniques poétiques

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Alix Lerman Enriquez

Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez

Premier automne

Nous sommes le deuxième jour de l’automne. Le soleil luit sur la verdure, celle des grands arbres majestueux : tilleuls ou peupliers, dont les feuilles ourlées d’un fin liseré de flammes, frissonnent dans le ciel clair. La lumière de septembre ruisselle sur l’azur et les frondaisons des arbres comme de l’or liquide et pâle.

Pâle soleil de septembre. Doux pépiement des moineaux, grêle croassement des corbeaux qui cisaille le ciel d’eau. Je voudrais éprouver l’harmonie de ce jour bleu et roux, courir à travers les broussailles, me frayer un sentier parmi la bruyère et les fougères dont le parfum m’enivre ainsi que celui des abeilles et les taons qui s’agglutinent sur la vitre du ciel.

Je voudrais courir à perdre haleine, m’endormir et paresser au soleil, ne plus me réveiller jusqu’aux lendemains qui chantent. Je voudrais percer, de mon arceau de lavande déjà fanée, la surface perlée du Rhin qui luit sous la couche encore épaisse du soleil du midi. Même la surface bleue du fleuve se zèbre, à présent, de rayures de miel et de rousseur. Nous sommes en automne et l’odeur de l’humus a ce parfum de champignon et de pluie tiède, ce goût âcre et sucré de solitude qui me plaît tant.

J’aime ces débuts d’automne lorsqu’octobre n’a pas déposé son gel sur la rosée matinale, lorsque novembre gris n’a pas encore fait son lit de tristesse dans le ciel et dans les champs, lorsque les pluies sont douces encore, lorsqu’elles laissent tomber des perles de cristal sur la terre claire et grège. On sent tout juste la fenaison de l’été apporter son temps tiède, ses moissons, le raisin vert ou mauve de ses vendanges encore fraiches.

Sur le ciel, je vois les physalis se colorer d’orangé et de pourpre. Ce sont les luminaires de septembre que je contemple et qui éclairent mon cœur à l’infini, plein d’une douceur d’automne. La pomme rouge, cueillie tout à l’heure dans le pré jaune et que je porte à ma bouche, a un goût de cidre et de miel, la saveur du ciel d’or.

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