Chroniques poétiques

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Alix Lerman Enriquez

Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez

Premiers signes

Derrière moi, le ciel était de cendre et de nacre, mâtiné d’or, sous le soleil de cette belle fin d’après-midi qui me donnait envie de me promener et de marcher des heures durant sans me soucier du temps qui passe.

Dire qu’il y a quelques semaines, le ciel était presque noir, lorsque vers seize heures, il m’arrivait de fouler le sol du parc de l’orangerie. Il était déjà très sombre en tout cas, grisâtre et laiteux, comme une boule de ouate sale et filandreuse. Et lorsque, vers dix-huit heures, je repartais à la maison, une bruine noire semblait teindre le firmament d’une couche si épaisse que nous avions du mal à repérer notre chemin, malgré l’armée de lampadaires qui jalonnait l’allée centrale du jardin, malgré la lueur de la lune qui marquait d’un halo de lumière nos traces de pas décalquées sur le sol.

Mais aujourd’hui, en plein mois de février, tout semble différent. Les jours rallongent, rallongent de plus belle et ce n’est pas pour me déplaire ! C’est que je sens poindre les premiers signes du printemps. Lorsque les oiseaux se mettent à pépier dans les champs, dans les arbres. Lorsque le soleil traverse ces arbres noirs encore nus, mais dont on sent éclore quelques bourgeons malhabiles d’un vert encore bien tendre. Lorsque le ciel s’éclaircit, devient cette toile écrue, grège, presque diaphane et rose lorsqu’arrive le soir généreux.

Je voudrais pouvoir m’éterniser dehors et sentir la poussée du printemps éclore dans les remous et les vagues de l’Ill, sentir cette brise presque marine caresser mes cheveux et frôler mon visage. Je voudrais pouvoir recueillir les ailes de l’oiseau blessé au creux de mes mains tremblantes de la promesse de l’aube, de la promesse de ce premier printemps dont je sais reconnaître les signes précurseurs. À l’aube de ce premier printemps, je voudrais faire éclater ma joie !

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