Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Je m’éveillais à la conscience de l’aube. Le soleil perlait en gouttes blondes sur mon lit en bois de hêtre désormais inondé de lumière. Je m’enivrais d’une douceur toute matinale.
L’aquarelle chatoyante postée au mur de ma chambre grège, comme une composition de Kandinsky, reflétait la symétrie ou les invariances de teintes vives. Le jaune, le rouge, le bleu virevoltaient comme un essaim d’oiseaux. Et ce jeu de couleurs primaires éclatait comme un kaléidoscope infini qui me replongeait dans les méandres de ma folie.
Je croquais des morceaux de lune ou bien des zestes d’étoiles, jetés la nuit de l’ovale bleu de ma fenêtre. Ils avaient tissé l’oreiller de mes rêves de feuilles d’or encore humides de la rosée du ciel.
Je sortais alors brutalement de mon état déliquescent de veille et de demi-sommeil, nostalgique de la nuit d’eau enluminée d’espoirs. Je pleurais de ne pouvoir recouvrer les délices d’un rêve interrompu à l’aube par la lumière rose ou par l’oracle rouge d’un soleil qui m’irradiait de sa trop violente beauté.
Je fermais les yeux pour retrouver un peu de cette sérénité, perdue à la pointe de l’aurore et délaissant, pour quelques heures, les rivages sombres de ma nuit bleue, j’accédais à la peine clarté du jour pourpre.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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