Les chroniques poétiques d’Alix Lerman Enriquez
Lorsque je suis à Marseille, j’aime à prendre un expresso à la Samaritaine, joli petit café situé en bordure du Vieux Port. Lorsque je m’y installe, j’ai une vue imprenable sur les bateaux, sur leur coque d’or cendré, sur l’azur en flammes cisaillé de soleil et de mouettes, sur les fragments de mer toujours plus bleue qu’on aperçoit à perte de vue vers l’horizon. Vue imprenable également sur Notre Dame de la Garde qui semble nous protéger des aléas de la vie et de notre frêle condition de mortel.
Les enfants boivent leur citronnade qui virevolte dans la brise bientôt mistral. Je me prends à rêver. Les tranches de citron ressemblent à des sections de soleil sur leurs verres. Et lorsque j’y regarde à travers, j’y vois des arcs-en ciel décolorés qui se contorsionnent, j’y vois la basilique déformée et des bateaux ressembler à des montres molles de Salvador Dali.
Je resterais bien là des heures durant à contempler la trajectoire de la lumière sur nos verres qui s’entrechoquent, à boire la braise du soleil qui s’y est déversée. Je resterais bien à rêver aux voiles semées d’or et d’opale qui sillonnent la grande bleue, tandis que de fines gouttelettes de mer apaiseraient, comme un baume, ma peau déjà brûlée de soleil. Tandis que vers le soir, je recueillerais, comme un disque de bronze liquide, le halo rouge du couchant sur mon corps et mes yeux éblouis, sur mon visage déjà hâlé, irradié de folle candeur !
J’aime à prendre un expresso au café de la Samaritaine.
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Page mise à jour le 2 décembre 2023
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