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Les notes d’Alix Lerman Enriquez

Comme pour défier le temps, l’espace et les lois de l’apesanteur, les mobiles colorés d’Alexander Calder nous invitent à la contemplation d’une ronde perpétuelle et nous mènent vers la découverte d’un univers aérien.

Tantôt oiseaux, tantôt cerfs-volants, ces mobiles de couleurs nous emportent loin vers un monde où rêve et légèreté sont nos guides, nos nouveaux mirages. Loin de la grisaille de la rue, ces petits lustres évoquent la fantaisie d’une vie vouée à l’art et au merveilleux.

L’imaginaire gracieux qui émane de ces œuvres en mouvement m’émeut comme les vestiges d’un univers où les fantasmes d’immatérialité de l’enfance reprennent corps. Calder a restauré notre soif d’antan : celle de nous envoler haut vers des contrées lointaines. Ces mobiles portent en eux une douce folie qui nous permet de voyager. Et nous fait toujours frémir ce tremblement aérien, frêle et délicat, si caractéristique de ces œuvres itinérantes.

Alors pourquoi ne pas se laisser bercer par ces viatiques du rêve, par ces objets insolites, créateurs d’images colorées et fantaisistes. Je suis au musée, contemplant les mobiles magiques si fluides et si gracieux aux côtés des stabiles de l’artiste qui me paraissent si austères en comparaison.

Nous pourrions dire comme Jean-Paul Sartre, dans son si joli petit article consacré aux mobiles de Calder, « un mobile est une petite fête locale, un objet défini par son mouvement et qui n’existe pas en dehors de lui, une fleur qui se fane dés qu’elle s’arrête, un jeu pur de mouvement comme il y a de purs jeux de lumière »1.

Et je m’interroge moi-même alors sur la possibilité de devenir oiseau. Si je devenais pareille à ces objets insolites d’un genre nouveau ? Mon évasion ne fait que commencer. Je ferme les yeux et je tournoie doucement comme ces mobiles, effectuant une ronde frêle et tremblante. Je suis maintenant ailleurs sur les contrées d’un monde flamboyant d’une prodigieuse étrangeté.

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